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Messages

Affichage des messages du 2016

être heureux, et avoir une histoire.

Je dis au revoir à cette année avec à la fois un sentiment de soulagement et l'impression que tout est encore à faire, que tout est à commencer.  2016 a été une année difficile pour beaucoup de gens. Sur le plan social, j'ai rarement connu une année où l'actualité m'a paru aussi déprimante, aussi déconnectée de qui je suis en tant qu'humain. Je crois en l'être humain, je crois à sa bonté et à sa générosité. Ça n'a pas changé. Mais je vois qu'il est plus difficile d'être humain, d'être compatissant, d'être généreux lorsque la peur nous prend aux tripes, ou pire, lorsque cette peur devient haine, haine de l'autre, haine de l'étranger, haine ceux qui ne vivent pas comme "nous", n'aiment pas comme "nous", ne se vêtissent/parlent/mangent/bougent pas comme "nous". J'écris ce bilan sans trop de recul, comme je le fais à chaque année, simplement avec des impressions, des taches, des traces de l

te dire merci.

Toi qui a pris le temps de me lire. Toi qui a pris le temps de commenter ce que j'ai écrit ici. Toi qui ne m'a pas lu mais qui a nourri mes réflexions, posé d'autres questions, relancé la discussion. Toi qui a été là pendant que je cherchais mon chemin, patient, souriant. Je veux te dire merci. Et te dire merci ici, parce que c'est ici que tout ça a commencé. C'est ce jour où j'ai décidé que j'allais t'écrire, d'abord à visage caché, parce que j'avais besoin de me raconter autrement, de faire état de mon parcours, de mon chemin. Parce que je me suis dit qu'écrire était ma meilleure voie de guérison, mon meilleur outil. Je dois t'avouer une chose. Saluer la mer  n'est pas né du simple désir d'écrire, ou de m'écrire. Il est né de plus loin, d'un besoin de m'en sortir. Besoin de briser le silence et l'isolement dans lequel parfois je sombrais. Besoin de faire face au monde et d'affirmer mon pouvoir. Je suis

apprécier sa solitude.

Il y a quelques semaines, j'écrivais, en plein coeur de la saison estivale, un plaidoyer pour le calme et la solitude qui a eu certains échos. Je suis le premier à trouver que l'été est une saison inspirante, pleine de moments magiques et de rassemblements. Mais je sais qu'il y a dans cette effervescence quelque chose qui peut lasser, épuiser même. En début d'été, je me suis senti, peut-être en raison de toutes ces belles nouvelles qui m'arrivaient, un devoir d'être heureux, et de profiter  de mon été. Chaque journée de beau temps me paraissait une tâche, une nécessité de sortir, de voir le jour passer et d'être dehors pour le voir. Un devoir de voir des amis et de célébrer. Puis, je me suis demandé : est-ce que ça ne devrait pas être juste... naturel? Pas un devoir, mais une envie? Ainsi est né mon manifeste. J'avais besoin d'affirmer mon droit au repos, à la solitude, et même à la mélancolie si besoin est. Parce que tout ça est humain, q

faire la paix avec moi.

FreeImages.com/Tibor Fazakar Je n'ai pas beaucoup écrit ici cet été, mais ce n'est pas faute d'avoir oublié, ou d'avoir cessé d'écrire. J'écris plus que jamais, un peu partout... Après Le chant des pistes , je me suis inscrit comme collaborateur au blogue Les Trames , en plus d'être un Inspiré  en pleine écriture d'un premier roman... Bref, le travail ne manque pas. Ni la motivation, cela dit. Au beau milieu de l'été, j'ai décidé de laisser reposer Saluer la mer pour mieux lui redonner du souffle, de la vie, de l'énergie. J'avais besoin aussi, je crois, avant de me remettre à une écriture aussi personnelle que l'est celle d'un carnet, de faire la paix avec qui je suis, et où je suis. Cet été a donc été une période de ressourcement, de découvertes, et surtout de repos. J'ai reçu aussi énormément d'amour . Amour de mes pairs, de nouveaux amis, reconnaissance de mon travail et de mon apport à la communauté, cadeaux,

orlando.

Tous les jours cette semaine je me suis levé avec l'intention d'écrire cet article. Tous les jours cette semaine les mots m'échappaient, me restaient pris entre les doigts. À vrai dire je suis encore un peu sous le choc, et les mots avant même de s'écrire me questionnent, se retournent contre moi. Chaque phrase que j'écris se bouscule, se balade, revient, me demande si elle est la bonne ou à la bonne place. C'est au point où je me suis demandé : ai-je le droit d'écrire là-dessus? Ai-je vraiment une opinion, des idées, qui méritent d'être entendues? Ce à quoi je réponds oui. infiniment oui . Pas seulement moi, mais tous ceux qui vivent cette même émotion. Votre parole compte. Votre parole est plus importante que jamais. Parce que c'est une parole de solidarité, de couleur, de lumière, d'empathie et de générosité. Parce que c'est une parole que moi, que toute une communauté de gens, proches ou lointains, a besoin d'entendre.

filer dans la vie.

Je lis présentement un ouvrage passionnant sur la créativité, Big Magic : Creative Living Beyond Fear.  L'auteure Elizabeth Gilbert y déconstruit, avec un plaisir à peine voilé, le mythe de l'artiste souffrant et tourmenté. Son idée m'a ramenée à un billet que je n'ai finalement jamais écrit, un manifeste sur la créativité, mais aussi la vie en général. Je ne trouve pas ça romantique de souffrir. Pas du tout. J'ai longtemps pensé le contraire. Mon premier manuscrit complet, qui n'a jamais été publié, était dans cette veine : le roman s'ouvrait sur une scène sanglante où une jeune femme s'échappait en forêt pour hurler sa douleur. Oui, c'était aussi mélodramatique que vous pouvez l'imaginer. En fait, non, ce l'était encore plus . À qui me le demandait, je disais avoir écrit une oeuvre " romantique  au sens allemand du terme". «Tempêtes et passions» était mon mantra. Je m'abreuvais à Elfiede Jelinek, Samuel Beckett, T

à quoi ça sert.

Cela fera bientôt un an que j'ai pris la décision de venir m'installer aux Îles-de-la-Madeleine avec dans la tête un seul but, un seul objectif : écrire, devenir écrivain. Ou, disons-le autrement, m'affirmer en tant qu'écrivain et artiste. Ce n'est pas une mince tâche. J'ai toujours aimé écrire, j'ai toujours voulu écrire, mais me dire écrivain ? Me dire artiste ? C'est un mandat, une affirmation qui dérange, qui surprend, qui étonne. Qu'est-ce que c'est que ça, comme métier, artiste? En quoi ça consiste? Et surtout, SURTOUT, à quoi ça sert? Je me suis moi-même longtemps débattu  –  je me débats encore  –  avec cette question. Répondre à d'où je viens , à où je vais , était déjà difficile, mais qu'est-ce que je fais  est probablement la question la plus confrontante que j'aie entendue. Parce que faire  et être sont deux choses radicalement différentes. Je ne fais pas de l'art, je suis artiste. C'est une manière de v

dire oui et être soi.

Le mois de mai arrive, enfin, et avec lui une énergie nouvelle, de fraîcheur et de folie. C'est le moment où jamais de se dire oui  et de mordre dans de nouveaux projets complètement fous.  L'écriture d' un article sur le travail , dans le cadre de ma collaboration avec Les Inspirés, m'a amené à la réflexion que, finalement, j'ai toujours choisi de faire passer mes valeurs, mes passions et mes projets avant la stabilité ou la sériosité. Je ne peux pas m'en plaindre : il y a devant moi un magnifique chemin encore à parcourir, et les projets auxquels je participe n'ont jamais été aussi stimulants. Lorsqu'un nouveau projet fou s'est présenté devant moi la semaine dernière, j'ai plongé à pieds joints dans le risque. Que le projet ne se soit pas concrétisé finalement ne m'a pas ébranlé outre mesure : je me suis dit que ce qui devait arriver était arrivé, et que la suite allait sans doute m'amener autre chose. Cet enthousiasme dans

merci.

Ces jours-ci, je suis souvent amené à dire merci ; merci à la vie qui me fait de beaux cadeaux, merci aux gens qui m’entourent et m’apportent de la chaleur et de l’amour, merci aux milliers de projets qui se dessinent... Je me sens extraordinairement chanceux, après tant de tergiversations, d’en arriver enfin à faire ce que j’aime – malgré les incertitudes liées à mon métier – et dans un milieu qui me ressemble, où on m’accueille comme je suis. Je me sens comblé et bien entouré. J’ai toujours aimé les remerciements, les écrire, les lancer dans une salle, en adresser aux gens. Durant de nombreuses années, je publiais, à chaque 31 décembre, la liste des gens que je souhaitais remercier pour l’année traversée. Je le fais encore aujourd’hui, de manière plus privée. À la fin d’un projet, c’est souvent la partie que je préfère : souligner, avec quelques bons mots, les gens qui ont eu une incidence sur ce projet, qui lui ont permis de naître, est souvent une occasion de reconnaîtr

faire fondre la glace.

Très jeune, on nous enseigne que, pour survivre, nous avons besoin d'une carapace. Tout enfant qui a déjà vécu de l'intimidation s'est déjà fait dire qu'il devait s'endurcir, solidifier ses barrières et ne pas laisser les mots le blesser. Ce n'est pas un mauvais conseil, à la base : faire face aux épreuves avec courage est une nécessité dans notre vie. Mais il y a au moins deux choses qui choquent dans ce conseil : un, que l'on considère que l'enfant blessé est responsable de cette blessure; deux, que l'on associe le courage au fait de ne pas vivre ses émotions. Être courageux ne veut pas dire être insensible ; avoir du courage ne veut pas dire ne pas réagir. Il faudra un jour qu'on comprenne qu'ignorer ce qui nous fait le plus mal n'est pas une solution efficace. Et qu'enseigner cela n'aide personne. Je me suis forgé une armure à l'adolescence, armure qui m'a permis, je crois, de résister à mon propre eff

cinq livres qui ont changé ma vie.

Aujourd'hui je fais changement et je vous parle de livres, de ces livres qui fracassent, qui brassent la cage, qui étonnent et bouleversent. Je vous parle de cinq livres qui ont forgé ma vision du monde, changé ma perception. Des livres qui m'ont appris, et auxquels je reviens souvent. 5. Michel Tremblay,  Hosanna. Ma première lecture de ce texte date de l'adolescence, période de grands questionnements s'il en est une. Je me rappelle ne pas avoir compris, sur le coup, de quoi ce livre parlait. C'est plusieurs années plus tard, lorsque j'ai vu l'adaptation télévisuelle de la pièce, que j'ai senti ce texte résonner en moi. Ce questionnement sur l'identité, sur la valeur de ce qu'on est, je le connaissais, je le vivais. Encore aujourd'hui, c'est un texte dont de grands morceaux me restent en mémoire. J'y ai découvert la musicalité de Tremblay, la richesse de sa structure, et le pouvoir propre à l'écriture théâtrale.

revenir de loin.

C'est étrange de voir comment ces deux mois passés à l'extérieur des Îles, à me balader d'un endroit à l'autre m'ont à la fois fait un bien immense et rappelé à quel point j'aime cet endroit d'où je viens. Si mon petit périple n'a pas été de tout repos, j'ai tout de même eu l'occasion de revoir des gens qui ont fait de moi qui je suis, et de rencontrer de nouvelles personnes inspirantes. J'ai même pu apprivoiser Montréal le temps d'une fin de semaine, une ville qu'il me reste encore à découvrir. Mais c'est de retour dont je veux parler. Du sentiment si particulier qui nous habite lorsqu'on reconnaît être au bon endroit, au bon moment dans sa vie. En posant les pieds à la maison rose, j'ai poussé un petit soupir de soulagement.À peine après avoir déposé mes valises dans l'entrée, mon premier geste a été de m'asseoir dans un fauteuil du salon, le temps de savourer un thé. Je découvrais, du même coup, que mes b

s'abandonner à soi, s'abandonner à l'autre.

Lorsque, il y a six mois, je suis arrivé aux Îles, habité par la ferme volonté d’« ébranler ma Tour » – de sortir de ma zone de confort et de ma routine –, une des premières choses que j’ai faites a été de dresser la liste de tout ce qui serait pour moi un risque. C’était une manière de confronter mes peurs et surtout de les verbaliser. L'occasion de me demander:  Qu’est-ce que je m’empêche de faire? Qu’est-ce que j’évite dans ma vie? Quelques minutes après avoir dressé la liste, j’ai pris le temps d’examiner, point par point, chacun des “risques” ainsi nommés. J’ai vite fait de remarquer des idées récurrentes, et cela m’a fait percevoir, pour la première fois, mes sources principales d'angoisse. Elles n’ont pas disparu, évidemment. Mais les reconnaître, être capable de les nommer, a eu un effet apaisant. On le dit souvent : pour affronter une peur, la première étape est de la nommer. Éviter ce qui nous effraie lui donne, au contraire, de plus en plus de force. Pour m

l'année de l'ermite.

Dans mon utilisation du tarot , j'ai longtemps perçu l'Ermite comme une arcane mystérieuse et, somme toute, inquiétante. Le classique vieillard couvert d'un châle et tenant sa lanterne dans l'obscurité avait quelque chose qui ne me rassurait pas. En fait, je le réalise maintenant, l'Ermite représentait la chose qui, à certains moments de ma vie, m'a été la plus douloureuse : la solitude. Parce que, pour moi,  solitude  était équivalent d' abandon . Dans ma perspective, me retrouver seul, c'était « prouver » mon inadéquation au monde, prouver que je n'arrivais pas à tisser de vrais liens avec les autres, que je ne méritais pas vraiment l'amour et l'affection que je recevais. Je me culpabilisais de m'isoler lorsque pourtant l'isolement était nécessaire. Je m'accusais de me couper volontairement du monde, de fuir dans l'imaginaire, dans mon esprit, en dehors de la "vraie" vie. C'est peut-être vrai que j

manquer de temps.

Mon horaire est particulièrement chargé ces temps-ci. Pas seulement à cause des projets qui me remplissent la tête ou de mon travail. J'ai l'impression, tout simplement, de me mettre constamment au défi, et d'être toujours sur le qui-vive. Revisiter Québec en voyageur, plutôt qu'en résident, m'apporte le vent de fraîcheur dont j'avais besoin pour me lancer à nouveau. Je sens à nouveau l'appel de l'écriture, alors que je suis débordé de travail. Parfois je me sens dépassé par toute cette énergie qui circule, dépassé par le rythme de ma vie en ville. En même temps, j'essaie d'apprécier, le plus souvent que je peux, à quel point je suis chanceux : je fais un travail que j'aime, je suis entouré de personnes généreuses et aimantes et, surtout, j'ai appris à me faire plus confiance.  Récemment, je proposais ma candidature pour une opportunité que j'ai laissé passer plusieurs fois. Faute de temps, bien sûr, mais aussi faute de confi

choisir.

Je suis fier de moi. Fier, parce que j'ai l'impression de sortir d'un long hiver, un hiver de presque deux ans de tempêtes intérieures, de bousculades, de moments de total déséquilibre, comme j'en avais rarement vécus auparavant. Fier parce que, même si je comprends de plus en plus que la vie est un long apprentissage, j'ai l'impression d'avoir déjà saisi quelques leçons, ou plutôt de les avoir vécues. Ce voeu d' accueillir le changement dans ma vie, j'en suis fier, parce que ce qui en découle n'en finit pas de m'étonner. Tous les jours, je découvre une part de moi que j'ignorais. Tous les jours, j'apprends quelque chose de nouveau à mon sujet. Le cerveau est un organe fascinant d'inventivité. Combien de détours, de scénarios improbables, d'idées saugrenues, sommes-nous capables d'inventer pour nous empêcher d'être heureux et d'être pleinement nous-mêmes? Avec le recul, je ne peux que m'émerveiller de

tout est parfait.

Après six mois passés sur les Îles, revenir en ville a quelque chose de grisant. J’ai eu la chance, en peu de jours, de déjà revoir nombre de mes amis et connaissances, et les occasions de célébrer n’ont pas manqué. Ce petit blitz avant de commencer mon prochain contrat m’a fait beaucoup de bien. Je me suis senti bien, aimé, apprécié pour ce que je suis et ce que j’apporte. Ça a aussi été l’occasion de me détacher un peu des grands questionnements de l’automne et de simplement apprécier la joie d’être entouré de gens que j’aime.  Je peux maintenant me déposer tranquillement dans cette ville qui m’a vu devenir adulte, et qui me fournit encore nombre de leçons aujourd’hui. Mon passage à Québec me rappelle cette idée qu’il est possible d’être bien n’importe où, dans la mesure où on est bien avec soi. Après l’effervescence des derniers jours, je réalise que je me sens de plus en plus en confiance. Je suis ouvert à de nouvelles expériences, de nouveaux gens et de nouveaux lieux. Je