Tous les jours cette semaine je me suis levé avec l'intention d'écrire cet article.
Tous les jours cette semaine les mots m'échappaient, me restaient pris entre les doigts.
À vrai dire je suis encore un peu sous le choc, et les mots avant même de s'écrire me questionnent, se retournent contre moi. Chaque phrase que j'écris se bouscule, se balade, revient, me demande si elle est la bonne ou à la bonne place. C'est au point où je me suis demandé : ai-je le droit d'écrire là-dessus? Ai-je vraiment une opinion, des idées, qui méritent d'être entendues?
Ce à quoi je réponds oui. infiniment oui. Pas seulement moi, mais tous ceux qui vivent cette même émotion. Votre parole compte. Votre parole est plus importante que jamais. Parce que c'est une parole de solidarité, de couleur, de lumière, d'empathie et de générosité. Parce que c'est une parole que moi, que toute une communauté de gens, proches ou lointains, a besoin d'entendre.
J'ai souvent dit que je comprends mal le langage de la haine, de la violence. Aujourd'hui je suis muet.
L'attaque qui a eu lieu à Orlando est une attaque directe, franche, à toute une communauté. Large communauté de gens qui ne peuvent pas entrer dans le moule où l'on voudrait nous mettre. Large communauté de gens fiers, forts, solides et résilients. Des gens de tous horizons, avec une diversité impressionnante de points de vue, d'expériences, d'identités, de philosophies et de perceptions. Une communauté que j'aime, et dont j'ai l'honneur de faire partie. Parce que oui, c'est un honneur. C'est une fierté. Et il faut le dire. Si je n'ai pas choisi ma différence, j'ai choisi de l'accepter et de l'embrasser. J'ai choisi de me joindre à cette immense variété de gens, parce que c'est là que je me sens le mieux.
Et l'attaque d'Orlando ne changera rien à cela.
Parce que le message, la leçon que j'en tire, ce n'est pas de vivre dans la peur.
Ce n'est pas de retourner me cacher parce que ma présence dérange.
C'est au contraire, d'être encore plus moi-même que je ne l'ai jamais été, et d'assumer encore plus fort ma différence, ma culture, mon bagage et mon expérience.
C'est d'aimer pleinement les gens qui m'entourent et de les serrer encore plus fort dans mes bras.
C'est d'apprécier encore plus pleinement ma vie parce qu'elle est aussi fragile qu'extraordinaire.
Parce qu'être soi-même, dans un monde qui se cache, c'est déjà une forme de rébellion.
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