Il y a quelques semaines, j'écrivais, en plein coeur de la saison estivale, un plaidoyer pour le calme et la solitude qui a eu certains échos. Je suis le premier à trouver que l'été est une saison inspirante, pleine de moments magiques et de rassemblements. Mais je sais qu'il y a dans cette effervescence quelque chose qui peut lasser, épuiser même.
En début d'été, je me suis senti, peut-être en raison de toutes ces belles nouvelles qui m'arrivaient, un devoir d'être heureux, et de profiter de mon été. Chaque journée de beau temps me paraissait une tâche, une nécessité de sortir, de voir le jour passer et d'être dehors pour le voir. Un devoir de voir des amis et de célébrer. Puis, je me suis demandé : est-ce que ça ne devrait pas être juste... naturel? Pas un devoir, mais une envie?
Ainsi est né mon manifeste. J'avais besoin d'affirmer mon droit au repos, à la solitude, et même à la mélancolie si besoin est. Parce que tout ça est humain, que tout ça est nécessaire.
Je crois que comme société nous voyons en la solitude une sorte de menace. Nous devons à tout prix être en train de faire quelque chose, et surtout avec quelqu'un. L'obsession du couple n'appartient pas qu'aux générations passées. Encore aujourd'hui, combien d'entre nous cherchons à tout prix à nous unir, à faire équipe, quitte à y perdre des ailes? Combien d'entre nous avons constamment besoin d'être stimulés, divertis, conquis par d'autres? Combien d'entre nous avons peur d'être seuls?
Je ne fais pas exception à la règle. Je me suis longtemps senti inadéquat, bizarre, voire incompétent, du fait de n'avoir pas de partenaire avec qui vivre, de quelqu'un avec qui me "caser". Socialement, la solitude nous paraît comme la démonstration d'un échec, d'un abandon. Notre société est fondée sur l'idée du couple, de l'équipe, et même les célibataires aguerris, ceux qui courent de bar en bar, sont finalement à la recherche de quelqu'un à qui s'unir, même rien que pour une nuit.
Je lisais ici que si nous sommes si effrayés à l'idée de la solitude, si nous cherchons autant à l'éviter, c'est peut-être parce qu'il n'existe que peu d'espaces où elle est positivement perçue. Quand avons-nous vu, au cinéma ou à la télévision, un être seul qui ne cherche pas à combler cette solitude, à la remplir de toutes sortes de manières?
Accepter sa solitude, l'embrasser, ce n'est pas se résigner à la solitude. C'est l'accueillir, lui faire de l'espace, et surtout, trouver comment en profiter. Parce que la solitude est aussi un territoire vaste de créativité, de joie et de réflexions. Accepter sa solitude, au fond, c'est la découvrir, mieux la connaître, trouver en elle ce qu'il y a de bien et de nourrissant. C'est surtout accepter notre besoin de solitude, le vivre, afin d'être plus disponible au monde lorsqu'il nous appelle.
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