Aujourd'hui je fais changement et je vous parle de livres, de ces livres qui fracassent, qui brassent la cage, qui étonnent et bouleversent. Je vous parle de cinq livres qui ont forgé ma vision du monde, changé ma perception. Des livres qui m'ont appris, et auxquels je reviens souvent.
5. Michel Tremblay, Hosanna.
4. Liv Ullmann, Devenir.
Liv Ullmann est une actrice suédoise principalement reconnue pour son travail avec le réalisateur Ingmar Bergman. Dans Devenir, la jeune femme, d'un naturel plus introverti, est plongée dans le monde hollywoodien, avec toute sa richesse et ses excès. C'est un regard intime, vulnérable qui traverse ce journal. Ses doutes, sa douleur, son mal-être y côtoient des moments de grande joie. C'est ce qui m'a le plus touché à la lecture de Devenir : il s'agit d'une écriture minimaliste, fragile, pleine de silences et en même temps de délicatesse. Lorsque je sens mon ego prendre un peu trop de place, ce livre me rappelle d'aller au-delà de l'artifice, de l'image.
3. Elfriede Jelinek, Enfants des morts.
Je m'en voudrais de ne pas parler de Jelinek, même si, avec les années, je m'en suis un peu détaché. Enfants des morts a été un moment dans ma vie, un livre qui m'a chamboulé par sa liberté, son humour noir, sa cruauté et sa violence. Ce roman, c'est un cri noir de haine, une haine de soi comme du monde, un cri dont j'avais intensément besoin quand je l'ai lu. J'ai appris beaucoup, en le lisant, sur l'écriture et la liberté de l'écrivain. Encore aujourd'hui je salue l'audace de ce livre, son absence de compromis. C'est une oeuvre dense, complexe, que je ne finirai jamais de décortiquer.
2. Christophe André, L'art du bonheur.
Totalement à l'autre bout du spectre, un ouvrage sur le bonheur et notre manière de le vivre. Optimiste sans jamais être insouciant, L'art du bonheur parle autant de nos moments d'épiphanie, des sommets de notre bonheur, que de ce que l'auteur nomme le "crépuscule" du bonheur, ces périodes où le bonheur descend, sans que cela signifie que nous le perdons définitivement. À la lecture, en plus de découvrir de nombreuses œuvres artistiques – Christophe André utilise la peinture pour exemplifier ses idées –, j'ai appris à voir le bonheur comme un cycle, et non comme quelque chose qu'on a ou qu'on n'a pas.
1. Anaïs Nin, Journal (1931-1934).
Le blogue que vous lisez en ce moment est né d'Anaïs Nin. C'est en lisant le premier tome de son journal intime que j'ai retrouvé en moi l'envie de noter mes impressions, des fragments de moi quelque part. Je me rappelle avoir profondément aimé sa vision du journal comme une manière de "lire" le monde, de se l'approprier par l'écriture. Je me rappelle une écriture à la fois pudique et franche, qui m'a séduit. Lorsque j'ai terminé ce livre, j'ouvrais un nouveau cahier, me remettant à l'écriture de mon propre journal, pratique que j'avais délaissée à la fin de l'adolescence. Si vous lisez ce blogue aujourd'hui, c'est parce que j'ai senti le besoin d'écrire plus directement, avec moins de détours, ce que je suis. C'est grâce à (ou à cause de, c'est selon!) ce livre.
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