Lorsque, il y a six mois, je suis arrivé aux Îles, habité par la ferme volonté d’« ébranler ma Tour » – de sortir de ma zone de confort et de ma routine –, une des premières choses que j’ai faites a été de dresser la liste de tout ce qui serait pour moi un risque. C’était une manière de confronter mes peurs et surtout de les verbaliser. L'occasion de me demander: Qu’est-ce que je m’empêche de faire? Qu’est-ce que j’évite dans ma vie?
Quelques minutes après avoir dressé la liste, j’ai pris le temps d’examiner, point par point, chacun des “risques” ainsi nommés. J’ai vite fait de remarquer des idées récurrentes, et cela m’a fait percevoir, pour la première fois, mes sources principales d'angoisse. Elles n’ont pas disparu, évidemment. Mais les reconnaître, être capable de les nommer, a eu un effet apaisant. On le dit souvent : pour affronter une peur, la première étape est de la nommer. Éviter ce qui nous effraie lui donne, au contraire, de plus en plus de force. Pour m’être déjà retrouvé au point où tout paraît être un risque, j’en sais quelque chose.
Ce n’est toutefois pas le plus important de ce que j’ai appris : en voyant sur papier la liste des choses que je n’ose pas faire, je me suis dit, pour la première fois sans doute, qu’en fait, je peux parfaitement réaliser tout ça. Rien dans cette liste n’est impossible ou irréalisable. Ce n’est que de la peur.
Ce n’était pas le but de l’exercice. En fait, je doute que j’en aie vraiment eu un. Je souhaitais simplement poser sur papier mes appréhensions, les consigner pour mieux les comprendre. J’ai finalement acquis une nouvelle perspective : la peur n’existe que dans la mesure où je lui laisse du terrain. Au moment où j’accepte d’avancer malgré elle, ou plutôt avec elle, en la reconnaissant et choisissant de continuer quand même, je suis déjà gagnant. Qu’importe la suite.
Depuis, je n’ai pas réalisé toutes ces choses que je n’osais pas faire. Je les prends une à la fois, sans planifier, au hasard de mes envies et ambitions du moment. Je découvre, ce faisant, qu’il y a un véritable plaisir à s’abandonner. À écouter ses envies avec spontanéité. À être, tout simplement. En « m’abandonnant » un peu plus à ce que je suis, je développe aussi la faculté de m’abandonner à l’autre, de m’ouvrir à ce qu’il est et à lui faire confiance. Et parce que je sens que je peux me faire confiance, je sens que je peux aussi me fier à mon jugement, et accepter de me lancer lorsque je me sens bien.
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