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Messages

Affichage des messages du septembre, 2015

donner.

Je suis quelqu'un qui donne. Je donne mon énergie, mon temps, ma compassion, mon écoute, ma foi à tous ceux qui en ont besoin. Je donne  le plus possible et le plus souvent possible, parce que j'aime le visage de ceux qui reçoivent. Je donne surtout la chance au coureur , parfois un peu trop. Je donne  beaucoup de chances, beaucoup d'occasions de se reprendre à ceux qui me blessent. Je donne et je pardonne , surtout. Parfois un peu trop. Pourtant, je ne me vois pas comme quelqu'un de généreux. Je voudrais donner plus. Je voudrais être toujours dans la posture de celui qui offre. J'ai toutefois compris que je ne donnais pas toujours à la bonne place. Un jour une amie m'a appris la distinction entre empathie  et sympathie . Être empathique , c'est être à l'écoute des besoins de l'autre, et en prendre conscience lorsqu'on prend une décision. Être sympathique , c'est faire abstraction de ses propres besoins pour faire plaisir à l&#

la magie dans le processus créatif.

Je suis toujours captivé lorsque j'entends des artistes, des acteurs, des écrivains, parler de leur processus créatif. Il y a souvent dans leur discours une sorte de dimension mystique et mystérieuse, comme si la création ne nous appartenait pas vraiment, comme si l'oeuvre se détachait, dès les premières lignes, de son créateur. Je me plais souvent à dire que les personnages nous guident dans l'écriture. Je m'étonne souvent de remarquer que ce sont eux qui tirent les ficelles. On donne le premier souffle, on accouche d'un personnage, et ensuite, c'est lui qui apprend à marcher dans ce monde qu'on lui dessine.  Par exemple, durant l'écriture d'une scène, récemment, j'ai tout à coup compris ce que le personnage essayait de cacher depuis le début de l'histoire. J'ai compris du même coup pourquoi il posait telles ou telles actions, et d'où lui venait son caractère. Ça s'est imposé. Une minute avant, j'errais encore, ne sachan

retrouver l'amoureux en soi.

Je me suis longtemps identifié, dans mon écriture comme dans ma vie personnelle, aux professeurs de désespoir  dont parle Nancy Huston, dans l'essai du même titre. Pour moi, l'écriture était le lieu pour poser des questions, mais surtout pour pointer ce qui n'allait pas dans le monde. La vie me semblait être une longue route chaotique menant finalement à la mort. Cette route me paraissait truffée d'absurdités, de jeux de pouvoir et de choses futiles. Il n'y avait pas d'espoir dans mon parcours, et mon écriture le reflétait bien. Cynique, chirurgicale, sanglante et cinglante, je cherchais à travers l'expression de la violence à montrer le danger du monde, à pointer le ridicule de notre confort individuel. En fait, je crois qu'inconsciemment, je cherchais surtout à taire la partie blessée en moi, cette sensibilité, cette émotivité qui a toujours inquiété le monde autour de moi. On nous apprend très jeune qu'il faut être fort dans la vie, ne pa

descendre de l'ascenseur.

Il y a en moi ces jours-ci comme une énergie de lutte intérieure continuelle. J'ai de la difficulté à me fier pleinement à mon intuition, à m'y abandonner. C'est un thème qui revient souvent en moi ces jours-ci, l'abandon. J'ai longtemps lutté contre lui. L'idée d' être abandonné me terrorisait. À présent, c'est l'idée de m' abandonner qui m'effraie. J'ai peur de me laisser porter par autre chose, de prendre une nouvelle direction, de nouvelles responsabilités. J'ai surtout peur que tout ce que j'échafaude, que tout ce travail que je fais, ne me mène nulle part, finalement. Aujourd'hui, je prends un engagement. Je m'engage à apprendre. Je m'engage à prendre cette route chaotique et cahoteuse du savoir, à m'ouvrir aux leçons que j'ai à saisir. Je m'engage à essayer, le plus souvent possible, de m'abandonner .  J'ai une sorte de rêve récurrent ces jours-ci. Engagé dans un ascenseur, je réa

l'autre face.

Lorsque j'ai créé ce blogue, je voulais le faire de façon anonyme. Je le voyais comme un espace où je me permettrais d'être pleinement moi , et pour moi il semblait évident que pour être pleinement moi-même je devais me détacher de ma propre image publique, construite par les années de travail, de projets et de rencontres. Mais, au fur et à mesure que j'écrivais, je réalisais que le parcours me semblait incomplet, et que je me sentais rapidement éparpillé à travers une multitude d'identités : le moi professionnel, le moi familial, le moi avec des amis, et maintenant ce nouveau moi, affiché en secret à travers ce projet qu'est Saluer la mer .  Rapidement, j'ai senti la nécessité de me présenter en étant pleinement moi au quotidien , et non dans un seul espace. J'ai aussi réalisé que je suis tout ça  : le professionnel, l'artiste, le poète, le chercheur, l'enfant, etc. Nous détenons tous, à l'intérieur de nous, une pluralité d'identi

un manifeste.

C'est le #selfloveseptember (mois de l'amour-propre) ce mois-ci! Lancé par l'excellente et inspirante blogueuse The Four Queens , cette initiative consiste à partager, le mois durant, des idées et réflexions concernant les multiples façons de s'aimer davantage en tant qu'individu. Un exercice proposé par Kelly-Ann est la rédaction d'un manifeste : on s'assoit et on réfléchit sur les manières de résister à la dépréciation ou à la victimisation ambiante. L'idée est de prendre conscience de notre pouvoir personnel  et de prendre des décisions qui nous ressemblent davantage. Il s'agit donc d'une série de courtes phrases que nous gardons avec nous pour rester inspirés et surtout, ne pas tomber dans la complaisance ou la rumination. Voici donc mon propre manifeste! Je n'ai pas besoin de plus J'ai tout ce dont j'ai besoin pour être heureux. Le bonheur ne vient pas de l'accumulation des choses, des projets ou des opportunités,

écrire est un jeu.

Je lisais il y a quelques jours un article qui disait d'emblée qu'une des chances de l'artiste ou du créateur, c'est qu'il doit chaque jour inventer de nouvelles choses, de nouvelles histoires, de nouveaux personnages et situations. Cette idée résonne fort chez moi. Contrairement à ces «professeurs de désespoir» dont parle Nancy Huston, je ne crois pas que la souffrance et le mal-être soient nécessairement des moteurs de création. J'ai la conviction que la joie, lorsqu'elle est profondément vécue et sentie, peut également être un moteur de créativité. Et pas seulement pour des oeuvres légères! On peut écrire du drame sans vivre du drame.  Envisager l'écriture du point de vue de la joie nous ramène à l'esprit créatif de l'enfant, celui qui n'est pas encore modulé par le regard des autres, la critique ou l'opinion qu'on a de nous-mêmes. L'enfant qui crée crée parce qu'il en a envie, sans la pression du « projet » qui lu

la chrysalide.

On connaît cette période, l'appel récurrent de notre corps, l'insistance avec laquelle il nous dit que c'est là, maintenant, tout de suite qu'il faut le faire. Souvent on a le réflexe de vouloir fuir, se réfugier ailleurs, mais c'est inévitable, tôt ou tard, le cocon se forme, et qu'on soit prêt ou non à le faire, il faut se retirer, dormir, méditer, revenir aux sources. J'ai longtemps résisté, je résiste encore souvent, à l'appel de la chrysalide, cette période où celui qu'on était avant devient progressivement un autre, plus grand et plus beau. Je réalise que j'ai vécu mon été passablement en ermite, coupé des activités habituellement plus dynamiques de la saison chaude.  S'ensuivit une sorte de tension intérieure, un besoin de voir autre chose, de sortir du cocon, se terminant irrémédiablement en retour à la case départ : épuisement, fatigue, lassitude ou émotivité survoltée. J'apprends tranquillement à accepter cette pé