Je lisais il y a quelques jours un article qui disait d'emblée qu'une des chances de l'artiste ou du créateur, c'est qu'il doit chaque jour inventer de nouvelles choses, de nouvelles histoires, de nouveaux personnages et situations. Cette idée résonne fort chez moi. Contrairement à ces «professeurs de désespoir» dont parle Nancy Huston, je ne crois pas que la souffrance et le mal-être soient nécessairement des moteurs de création. J'ai la conviction que la joie, lorsqu'elle est profondément vécue et sentie, peut également être un moteur de créativité. Et pas seulement pour des oeuvres légères! On peut écrire du drame sans vivre du drame.
Envisager l'écriture du point de vue de la joie nous ramène à l'esprit créatif de l'enfant, celui qui n'est pas encore modulé par le regard des autres, la critique ou l'opinion qu'on a de nous-mêmes. L'enfant qui crée crée parce qu'il en a envie, sans la pression du « projet » qui lui pèse sur les épaules. C'est cette folie-là qui nous manque souvent lorsque, paralysés par la page blanche, nous déprimons, jugeons et remettons en doute tout ce qui fait de nous un être créatif.
Quand est-ce que notre créativité, voire notre hypercréativité, a été remplacée par cette hyperconscience du regard de l'autre, de ce qui doit être fait ainsi et pas autrement?
La prochaine fois que vous vous trouverez acculé au mur devant votre texte, faites l'effort de vous amuser plutôt que de chercher à réinventer la roue. La roue se réinventera d'elle-même. Par exemple, dans un de mes projets du moment, je me suis trouvé récemment à un tournant où l'action n'avançait plus. Ce que j'ai fait? J'ai décidé de m'amuser avec mes personnages. J'ai pris toutes les références que je pouvais, et j'ai choisi de leur assigner un signe astrologique qui me semblait les représenter. J'ai même poussé le jeu jusqu'à leur inventer une date de naissance, un ascendant, toute sorte d'éléments que je serai sans doute le seul à connaître au moment de l'écriture. Ce faisant, je me suis donné la liberté de réinterpréter le personnage, et surtout je me suis détaché du sacro-saint projet pour me concentrer sur la création.
Amusez-vous, vous aussi! Dessinez vos personnages, attribuez-leur un nom, une généalogie, des couleurs, des vêtements, une époque. De quoi aurait l'air votre héros s'il était dans une bande dessinée? Quelle musique écoute-t-il? Qu'est-ce qu'il fait en rentrant chez lui le soir? Qu'est-ce qu'il mange, comment il le mange? Voilà une tonne de questions dont les réponses vous surprendront!
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