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l'autre face.



Lorsque j'ai créé ce blogue, je voulais le faire de façon anonyme. Je le voyais comme un espace où je me permettrais d'être pleinement moi, et pour moi il semblait évident que pour être pleinement moi-même je devais me détacher de ma propre image publique, construite par les années de travail, de projets et de rencontres. Mais, au fur et à mesure que j'écrivais, je réalisais que le parcours me semblait incomplet, et que je me sentais rapidement éparpillé à travers une multitude d'identités : le moi professionnel, le moi familial, le moi avec des amis, et maintenant ce nouveau moi, affiché en secret à travers ce projet qu'est Saluer la mer

Rapidement, j'ai senti la nécessité de me présenter en étant pleinement moi au quotidien, et non dans un seul espace. J'ai aussi réalisé que je suis tout ça : le professionnel, l'artiste, le poète, le chercheur, l'enfant, etc. Nous détenons tous, à l'intérieur de nous, une pluralité d'identités. J'ai surtout compris que de chercher à me cacher pour exprimer des choses que je dis déjà dans mon quotidien, des réflexions sur la vie que je partage déjà autour de moi, avec mes amis par exemple, me donnait l'impression de me prendre terriblement au sérieux! Je ne suis pas politicien, ni journaliste : je n'ai pas de devoir de réserve! Je suis créateur, imaginatif, poète. J'ai le droit de faire tout ce que je veux! Il y avait aussi une contradiction évidente pour moi : parler de changement, du droit d'être paradoxal, de la nécessité d'assumer pleinement qui on est, alors que moi-même je me cachais pour m'exprimer! 

Les deux dernières semaines auront été l'occasion pour moi de réaliser le pouvoir, la place que peut prendre l'ego dans le quotidien. Après une journée de ruminations sur un petit événement qui ne s'accordait pas avec l'idée que je m'étais faite de mon retour aux Îles, je me suis pris en flagrant délit et j'ai souri, constatant à quel point, ce jour-là, je ne m'étais concentré que sur ce petit événement plutôt que sur toutes les choses positives que je vivais en même temps. Je me suis aussi surpris, du même coup, de me voir aussi éparpillé, tentant d'étouffer la peur du vide en me surchargeant de projets qui ne m'intéressaient qu'à moitié. J'étais même sur le point de délaisser le blogue, me disant que c'était, de toute façon, un projet qui compromettait mon image! J'avais peur de ne pas avoir l'air assez sérieux, peur d'afficher ouvertement que j'avais des questionnements ou des doutes dans ma vie. On nous apprend à toujours avoir l'air de tout savoir ou de tout comprendre. L'ego se forme sur cette image de celui qui sait, qui comprend tout, qui ne se pose pas de questions. À long terme, cependant, cette vision est problématique. Après un certain temps, on réalise qu'on s'est empêché de prendre des risques, par peur de paraître vulnérable. 

La vérité, c'est que nous sommes TOUS vulnérables. Nous avons tous nos moments de déprime, nos blessures, nos doutes et nos angoisses. C'est simplement humain.

J'ai donc fait un petit ménage. Le plus étonnant, c'est que seulement un jour après avoir fait ce ménage, on faisait déjà appel à moi pour de nouveaux projets encore plus excitants! Parfois, il suffit de sourire, de souffler un peu, pour voir la vie d'un nouvel œil. On peut simplement rapatrier tous ces petits Mois pour en produire un géant, plus sincère, plus vrai!

Commentaires

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faire fondre la glace.

Très jeune, on nous enseigne que, pour survivre, nous avons besoin d'une carapace. Tout enfant qui a déjà vécu de l'intimidation s'est déjà fait dire qu'il devait s'endurcir, solidifier ses barrières et ne pas laisser les mots le blesser. Ce n'est pas un mauvais conseil, à la base : faire face aux épreuves avec courage est une nécessité dans notre vie. Mais il y a au moins deux choses qui choquent dans ce conseil : un, que l'on considère que l'enfant blessé est responsable de cette blessure; deux, que l'on associe le courage au fait de ne pas vivre ses émotions. Être courageux ne veut pas dire être insensible ; avoir du courage ne veut pas dire ne pas réagir. Il faudra un jour qu'on comprenne qu'ignorer ce qui nous fait le plus mal n'est pas une solution efficace. Et qu'enseigner cela n'aide personne. Je me suis forgé une armure à l'adolescence, armure qui m'a permis, je crois, de résister à mon propre eff

être heureux, et avoir une histoire.

Je dis au revoir à cette année avec à la fois un sentiment de soulagement et l'impression que tout est encore à faire, que tout est à commencer.  2016 a été une année difficile pour beaucoup de gens. Sur le plan social, j'ai rarement connu une année où l'actualité m'a paru aussi déprimante, aussi déconnectée de qui je suis en tant qu'humain. Je crois en l'être humain, je crois à sa bonté et à sa générosité. Ça n'a pas changé. Mais je vois qu'il est plus difficile d'être humain, d'être compatissant, d'être généreux lorsque la peur nous prend aux tripes, ou pire, lorsque cette peur devient haine, haine de l'autre, haine de l'étranger, haine ceux qui ne vivent pas comme "nous", n'aiment pas comme "nous", ne se vêtissent/parlent/mangent/bougent pas comme "nous". J'écris ce bilan sans trop de recul, comme je le fais à chaque année, simplement avec des impressions, des taches, des traces de l

faire la paix avec moi.

FreeImages.com/Tibor Fazakar Je n'ai pas beaucoup écrit ici cet été, mais ce n'est pas faute d'avoir oublié, ou d'avoir cessé d'écrire. J'écris plus que jamais, un peu partout... Après Le chant des pistes , je me suis inscrit comme collaborateur au blogue Les Trames , en plus d'être un Inspiré  en pleine écriture d'un premier roman... Bref, le travail ne manque pas. Ni la motivation, cela dit. Au beau milieu de l'été, j'ai décidé de laisser reposer Saluer la mer pour mieux lui redonner du souffle, de la vie, de l'énergie. J'avais besoin aussi, je crois, avant de me remettre à une écriture aussi personnelle que l'est celle d'un carnet, de faire la paix avec qui je suis, et où je suis. Cet été a donc été une période de ressourcement, de découvertes, et surtout de repos. J'ai reçu aussi énormément d'amour . Amour de mes pairs, de nouveaux amis, reconnaissance de mon travail et de mon apport à la communauté, cadeaux,