Suis-je sur le bon chemin?
Cette question-là, je l'ai d'imprimée quelque part dans les os, derrière mon front, à la racine des cheveux. Ces temps-ci, on dirait que chaque décision que je prends est teintée par cette question, par ce doute envahissant, cette peur de ne pas faire ce qu'il faut, de me décevoir, de décevoir les gens autour de moi. J'ai l'impression de toujours être en train de changer de voie, de me réajuster. Je suis devenu, depuis mon départ, quelqu'un de beaucoup plus conscient de ce qui se passe à l'intérieur de lui, et cela a quelque chose d'à la fois rassurant et épuisant. Rassurant parce que ça veut dire que je m'écoute davantage; épuisant parce que je ne peux plus en laisser passer une, que chaque fois où j'agis sous pression au lieu de m'écouter, mon corps me le dit immédiatement et je dois rebrousser chemin.
Avant mon départ pour les Îles, une amie m'a dit que ce serait maintenant impossible de ne pas entendre ce qui se passe en dedans de moi. J'ai trop longtemps tu cette voix pour la laisser disparaître à nouveau. J'ai trop fait de chemin pour revenir à la case départ. Tout ceci a quelque chose d'incroyablement fatiguant. Je sens que je lutte encore avec le changement, inconsciemment. Je me mets une lourde charge sur les épaules, croyant que c'est ça le bon chemin, planifiant au jour près, au mois près, la suite des choses. Je dessine le chemin pendant des jours, parfois des semaines, convaincu que ça y est, que j'ai trouvé la voie qui va à la fois me rendre heureux et me permettre de payer mes factures. Ce faisant, je décroche de mes intentions de départ sans m'en apercevoir et tout à coup je m'isole, je me sens plus maussade, moins créatif. Lorsque je réalise que j'ai encore pris un détour, je me ramène tranquillement sur la voie initiale, non sans une certaine lassitude.
Mais pourquoi c'est si dur? que je me demande. Pourquoi je ne peux pas juste trouver? Pourquoi il y a ce doute constant qui revient me rappeler que je devrais peut-être faire ceci ou cela à la place de suivre le trajet que je veux suivre? Parfois ça m'échappe: je ne réalise même pas que j'embarque dans une voie qui ne me correspond pas. Mais parfois je réalise aussi qu'une autre voie, que je croyais être de trop, est celle que j'essaie de suivre depuis le début.
Ce que je trouve le plus dur, ces temps-ci, c'est de me rappeler pourquoi je suis ici. Le besoin que j'ai d'écrire, de créer, de m'inspirer. D'être. Le besoin de respirer un nouvel air.
Pour ça, je suis déjà sur le bon chemin.
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