C’est soudain, et ça saisit.
Le cœur se débat, la tête souffre, la fatigue arrive et, voilà,
nous sommes debout dans la chambre, envahi de culpabilité. Tel ou
tel geste d’un passé plus ou moins récent. J’aurais
dû faire ceci au lieu de cela. J’aurais dû aller dans telle autre
direction. Je n’aurais pas dû faire ça.
La culpabilité n’est pas toujours une chose négative. Lorsqu’elle
est associée à une action néfaste pour les autres, elle est signe
d’empathie, d’écoute des besoins de l’autre. Le regret et le
remords peuvent nous permettre, parfois de faire de meilleures
actions dans l’avenir. Toutefois, lorsque cette empathie devient sympathie (oublier ses propres besoins pour focaliser sur ceux
de l’autre, ou ceux supposés de l’autre), alors on peut dire de
cette culpabilité qu’elle est mal dirigée. C’est alors l’ego
qui prend les rênes de notre esprit, et qui utilise la culpabilité
comme un outil pour nous permettre d’atteindre cette image qu’on
a (ou qu’on voudrait avoir) de soi-même.
Naturellement, on se dit qu’en s’accusant, qu’en s’acculant
au pied du mur, on pourra aller de l’avant.
N’est-ce pas ce qu’on
apprend dès l'enfance? Punir un enfant est sensé lui
enseigner qu’il ne doit pas se comporter de telle ou telle façon.
Pourquoi n’en serait-il pas de même avec l’adulte? Après tout,
la société fonctionne sur ce modèle : commettre un crime
entraîne une punition. Or, lorsqu’il est question de notre ego, de
ce que nous sentons que nous devrions faire pour se sentir
mieux, l’équation ne peut pas être la même. Nous ne faisons plus
face à des règles mais à des intentions. Je voudrais
agir de telle ou telle manière, mais j’ai fait ceci à la place.
Se défaire d’une habitude néfaste, prendre soin de soi : il
ne s’agit pas de lois. C’est notre propre esprit qui crée ces
barrières. S’il est sain de respecter nos résolutions, il est
essentiel de se rappeler que la culpabilité, dans ce contexte, n’est
pas une voie de guérison. C’est une manière de se punir, alors
qu’on a infiniment besoin, lorsqu’on cherche à aller mieux, de
se soigner.
Sans être complaisants avec nous-mêmes, il est possible de laisser
aller nos erreurs de parcours là où elles devraient être :
dans le passé. Étant maîtres de nous-mêmes, il nous est possible
d’apprendre de ces erreurs, de ces détours que nous avons pris.
Mais c’est l’action présente, et non la rumination du passé,
qui nous permettra d’y arriver.
Commentaires
Publier un commentaire